D'une année à l'autre

J'ai coutume de commencer l'année par un nouvel ouvrage. Je ne sais pas d'où m'est venue cette idée, mais  j'ai du croiser la croiser un jour et me dire ah oui, pourquoi pas. Depuis (je ne sais pas non plus depuis quand, mais ça commence à dater), je commence dès début décembre à frissonner d'impatience et à rassembler mon matériel : commander de la laine en conséquence, trouver le modèle qui célèbrera cette nouvelle année, libérer - au besoin - les aiguilles dont j'ai besoin... bref, il ne faut pas moins d'un mois pour préparer tout ça. 

 

 

Car voyez-vous, cet ouvrage de passage, il faut qu'il soit grand, fastidieux et technique. C'est le moins que j'en attende car, après cela, il va m'accompagner pendant des semaines, des mois, voire, parfois des années (et non, aucun ne croupit au fond de mes placards. Premièrement, parce que je ne suis pas du genre à entasser des kilos de laine dans mes placards, deuxièmement, parce que je ne suis pas du genre à remiser gentiment mes ouvrages avant de les oublier. Et non, je n'ouvrirais pas le rideau du cagibi pour vous le prouver). 

 Mais cette année, je ne sais pas, je n'avais pas envie. Il me semblait ridicule de vouloir marquer un passage qui n'en est pas vraiment un : le début de cette année 2022 est aussi dense, intense et speed que la fin d'année 2021, et l'horizon pas beaucoup plus dégagé. Tout s'enchaîne trop vite, tout se précipite et cela me paraissait un peu absurde de me promettre de longues heures penchée sur mes aiguilles quand je suis montée sur ressorts et m'agite en fait en tout sens, dimanche inclus. 

 

  Et puis, une discussion sur un coin de table, avec Colargol et mon père m'a fait changer d'avis. Je ne sais absolument plus comment le sujet s'est pointé sur le napperon, mais je me vois bien changer d'avis et mes aiguilles d'épaules : après tout, chiche ! Laissons donc un peu de promesse et de lenteur se déployer en ce début d'année. J'aurais tout le temps de travailler le dimanche plus tard (la semaine prochaine). 

 

 

Après, donc, mettre lancée l'année dernière dans une couverture qui tournait à l'obsession de la maison, je me suis dit que cette année, j'allais faire dans la dentelle : être fine, minutieuse, patiente, organisée.Tout un programme, n'est-ce pas ? J'ai donc pris des aiguilles grosses comme des pics à brochettes, monté 116 mailles de soie (ah oui, je serai délicate aussi cette année, je vous jure !) et commencé tranquillement à les regarder glisser de gauche à droite avant de retourner mes aiguilles pour recommencer, encore et encore. 

 


Ce sera une écharpe, une étole plus précisément. Qui se tricote en deux parties, assemblées dans le milieu. Et comme je reste quand même fidèle à moi-même, je n'ai pas vérifié que j'avais assez de fil. Ce qui est risqué, vu que ce fil, il ne se fait plus ! Du coup, fidèle à moi-même mais ne cessant de progresser quand même, j'ai décidé de faire les deux parties en même temps. Comme ça, si je tombe en rade, ce devrait être au même niveau des deux côtés. Ne restera qu'à trouver comment joliment finir la chose, plutôt que de se retrouver avec un ouvrage qui finirait (enfin, non, justement, qui ne finirait jamais) dans le placard ad vitam aeternam... 

Alors voilà, je me souhaite une année lumineuse, légère, compliquée mais satisfaisante. Et vous ? 

 







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