Rechute

Alors là, je viens de vivre, pendant un peu plus d'une heure, un sacré voyage dans le temps. Faut dire que je ne pouvais pas toucher à l'alpaga sans me brûler les mains. Du coup, le coton s'imposait. Et que faire en ces temps de pré-vacances ?
Ben vi ! Alors j'ai sorti tous mes bleus et mes verts, pris un crochet 2,5, choppé des chaussettes oubliées chez moi par des manants qui ne les ont jamais réclamées, et ai remonté les années en même temps que les mailles.

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Imaginez-la. Elle doit avoir la gueule pas encore symétrique, quand la droite et la gauche ne se sont pas encore mises d'accord sur le résultat final et que le nez est le seul a avoir pris son indépendance et de l'avance. Il est bien possible aussi que cet épisode se situe à peu près à la même période de l'année, à quelques semaines près : elle a dû rentrer de colo il y a quelques heures, quelques jours tout au plus.
Disons qu'elle a 14 ans, ça date d'avant la bascule.


Voilà donc une ado de 14 ans, de retour de colo. Il devait y avoir par là un ou une anim' qui avait sorti sur la plage une petite balle multicolore, tout au crochet. Oui, ça aurait bien pu être du côté d'Arcachon, pourquoi pas ?, à la fin d'heures de vélos à tracer dans les pinèdes avant d'aller remuer un popotin - pas plus symétrique que la face - sur du Axelle Red (ça pose tout de suite une époque, n'est-ce pas ?).



Enfin, revenons à l'essentiel : une balle au crochet, donc, qu'il fallait se passer de pied en pied, par devant, derrière, en plongeant, bref, tout ce qui fait que cette baballe ne touche pas terre.
De loin, ça devait avoir l'air fendard, limite charismatique, genre ça fait grand quoi. De près, faut surtout imaginer les coquillages qui s'enfoncent sous les pieds, le sable qui gratte et qui colle, le maillot sur lequel on ne cesse de tirer, et si jamais y a un crabe, hein ?...


En tout cas, cette môme de 14 ans avait dû rentrer chez elle et se dire que si c'était en crochet, "elle pouvait le faire". Qu'à cela ne tienne, coton, crochet, riz (semoule ?), c'était parti mon kiki. Elle avait dû mettre plein de couleurs, du vert, du orange, du jaune, du rouge... une pointe de bleu ? pas sûr...
En tout cas, elle avait augmenté, continué tout droit, fait des zigzags ou des rayures et diminué avant de fabriquer un entonnoir avec une bouteille en plastique (Badoit). Une fois le riz mis, elle a continué de diminuer et fermé. Le tour était joué. Une fois, deux fois, trois fois.


 Mais à l'époque, elle n'avait pas capté le coup de la chaussette qu'on sacrifie pour éviter que la farce ne se taille. Pas sûr non plus qu'elle ait trouvé d'autres comparses pour taper dans la balle. Qu'à cela ne tienne, l'année d'avant, en colo - une colo cirque... à moins que ce ne soit équitation... rando ? - elle avait appris à jongler.


Je ne sais pas ce que sont devenues aujourd'hui ces trois balles de jonglage, même couleurs, chacune son motif. Peut-être que pour les retrouver il suffirait de suivre les grains de riz qu'elle avait semés ?

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